Encore un jeune du MOJOCA assassiné

En cette matinée ensoleillée de ce samedi 15 mars, des filles et des garçons du Mojoca ont accompagné au cimetière le corps sans vie de leur camarade Jonathan Sandoval. Jonathan avait été assassiné à coups de poignard en plein centre de la ville, dans la nuit du jeudi au vendredi. Il avait seulement 23 ans. Il était né dans une baraque d’un bidonville. Il avait décidé de chercher dans la rue une vie meilleure dans un groupe d’amis. Il devait reprendre les études dans l’école du Mojoca. La vie lui souriait : il s’était récemment fiancé avec une jeune femme de la maison du Huit mars et ensemble ils faisaient des projets d’avenir.

Une mort absurde, cruelle, injuste a tout détruit. Une mort inexplicable qui ne sera pas punie comme ne le sont pas 98 % des crimes commis au Guatemala. Le général président a beau mentir, la violence augmente : chaque jours plus de dix jeunes sont assassinés dans la seule capitale du pays.

Hier au soir, quelques membres de sa famille et des garçons de la rue se sont retrouvés autour de son cercueil pour la veillée funèbre. Nous avons formé un cercle en nous tenant par la main. Nous avons évoqué des souvenirs ; c’était un ami, tranquille, toujours prêt à rendre service, à donner un bon conseil. Il respectait les femmes. Nous lui avons parlé, nous avons prié et chanté pour lui. Beaucoup d’émotions, les sanglots déchirants, les cris de douleur de sa compagne.

Nous ne nous résignons pas, nous ne nous consolons pas en nous disant qu’il vit maintenant une vie meilleure. La vie, l’abondance de la vie, le respect de tous les droits, nous les voulons tous, immédiatement, sur terre.

Jonathan, martyr de la rue, victime des pouvoirs de mort qui dominent le Guatemala et le monde. L’amour sera le plus fort. Gérard