Un anniversaire

10 ans déjà ! La Maison du 8 mars (la « ocho ») a ouvert ses portes le 8 mars 2006 pour accueillir de jeunes femmes, surtout de jeunes mamans avec leurs bébés. La décision d’acquérir cette maison était le résultat d’une demande insistante de jeunes femmes qui aspiraient à sortir de la rue, « pour les enfants » surtout.

Après avoir réfléchi avec elles, il est apparu que cette maison devait être gérée par ses habitantes qui prendraient en charge les différents services (alimentation, nettoyage, hygiène, ….), établiraient les règles de la vie commune et veilleraient à leur respect.

L’objectif était et reste que ces jeunes femmes se préparent à mener une vie indépendante et à s’insérer dans la société. Donc leur séjour dans la maison ne peut dépasser une année. Après quoi, celles qui le souhaitent (la plupart) restent en contact avec le MOJOCA en participant à un groupe de soutien mutuel et/ou par le biais des parrainages (bourses d’études ou au logement).

Découvrir quelques chiffres et un bilan

 

Un bilan de 10 années

 

Au 31 janvier 2016, nous avons fait une « photo » chiffrée de 10 années de vie de la Maison du 8 mars dont la finalité est d’accompagner des jeunes femmes qui veulent sortir de la rue pour s’insérer dans la société.

Durant cette période, 225 personnes ont vécu dans la maison : 129 jeunes femmes et 96 enfants. 66 jeunes femmes sont intégrées dans la société, 11 vivent dans la « Maison du 8 mars » et 2 dans des foyers. 15 autres sont retournées à la rue et 11 sont privées de liberté. Nous avons donc 75% de ces jeunes femmes qui ne vivent plus dans la rue.

Nous n’avons pas de nouvelles de 8 jeunes femmes, mais nous pouvons raisonnablement penser que la plupart sont intégrées dans la société parce que nous connaissons bien les jeunes qui vivent dans la rue ou qui sont privés de liberté.

13 jeunes femmes qui ont vécu dans la maison ont perdu la vie. 2 d’entre elles étaient venues chez nous pour y passer leurs derniers jours entourées de l’affection et des soins de leurs compagnes. Deux furent assassinées, une a été victime d’un accident de la route et les autres sont mortes de maladies, en général suite à une surconsommation de drogues. 2 enfants sont morts en bas âge, 4 vivent dans un foyer et tous les autres sont avec leur mère ou avec des parents.

Après leur sortie de la maison, beaucoup de jeunes femmes ont encore eu 2 ou 3 enfants. Nous sommes en dessous de la réalité en estimant qu’ils sont au moins 150. Il y a au moins 300 jeunes femmes et enfants qui vivent maintenant en dehors de la rue.

Le mérite en revient avant tout et surtout à chaque jeune femme qui a pris la décision d’entreprendre une vie différente et à persévérer dans le chemin difficile qui conduit de la rue à la société. Beaucoup d’entre elles ont trouvé dans l’amour pour leurs enfants la force nécessaire pour vaincre la dépendance des drogues, se fixer des objectifs et les atteindre. D’autres personnes ou des institutions ont pu les aider dans leur parcours, des camarades de la rue, des adultes qui les aimaient et leur faisaient confiance, des associations qui s’occupent des jeunes, des églises. Nous espérons que le MOJOCA et surtout la maison du 8 mars les aient aidés et soutenus dans leur transition à la vie indépendante.

Dans une photo, les personnages sont figés. Par après, ils reprennent leur liberté. Nous savons que les statistiques que nous avons citées sont transitoires et nous espérons qu’elles se modifieront dans un sens positif. Le 8 mars prochain, nous entamerons une deuxième décade dans des circonstances beaucoup plus difficiles : la pauvreté, la misère, la violence, le chômage, les difficultés à trouver un emploi ou à vivre les micro-entreprises ont augmenté. Nous devrons inventer de nouvelles solutions, ou mieux, les habitantes de la maison du 8 mars devront chercher des voies nouvelles.

Rendez-vous en 2026 pour voir ce qu’elles auront réussi à créer.

 

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