Situation économique

 

8. NOTRE TERRE MERE LA TERRE VIOLEE EST EN TRAIN DE MOURIR

Les activités des entreprises multinationales ne sont pas précédées d’études sérieuses et objectives sur l’environnement ni accompagnées de mesures efficaces pour le protéger. Nous assistons à une destruction massive des forêts vierges, à l’érosion du sol et de grandes réserves d’eau sont épuisées. Pour séparer les métaux précieux des autres éléments on utilise de grandes quantités d’eau avec de l’arsenic, du cyanure, du mercure, de l’acide sulfurique; au point que la terre, l’eau, l’air sont contaminés et les pluies acides peuvent causer des dommages à d’autres régions. Les conséquences de cette pollution sont dangereuses, parfois mortelles pour les plantes, les animaux, le bétail et les gens. La biodiversité s’appauvrit. L’industrie pétrolière produit des gaz toxiques qui polluent l’air et peuvent provoquer des changements climatiques. Dans les régions minières de nombreuses personnes souffrent de maladies de la peau, perte de cheveux, cancer, et de nombreux enfants naissent avec des malformations. L’expansion accélérée de la monoculture du palmier à huile réduit de plus en plus d’espace pour la culture des haricots et du maïs qui sont l’aliment de base de la population. Ainsi la famine se développe dans un pays où beaucoup de gens survivent s’ils ont de la chance, avec un seul repas par jour, un plat de haricots, un peu de riz et quelques tortillas de maïs. En outre, toute l’eau est utilisée pour la culture et les gens sont privés de cet élément essentiel à la vie.

9. LA DESTRUCTION DE LA CULTURE MAYA SE POURSUIT

La présence de l’industrie minière peut provoquer des conflits entre les populations chassées de leurs maisons et les autres communautés sur le territoire où ils tentent de s’intégrer. L’entente et la solidarité qui caractérise la communauté sont souvent détruites, créant des différences entre ceux qui travaillent dans les mines et d’autres. Les lieux où les boissons alcoolisées sont vendues se multiplient, ainsi que les bordels et le trafic de drogue, le résultat est que la violence augmente, ainsi que l’alcoolisme, la toxicomanie et la criminalité.

La culture maya traditionnelle cède progressivement la place à la société de consommation de la mondialisation capitaliste.

 

10. ACCUMULATION CAPITALISTE PRIMITIVE

Le modèle de développement économique que les multinationales et la classe dominante guatémaltèque imposent au pays ne crée pas d’industries qui produisent la richesse. Le Guatemala ne change pas son économie de dépendance, de production et d’exportation de produits agricoles. La contribution au produit national brut de l’exploitation minière de métaux et autres matériaux ne dépasse pas 0,2 % et celui de l’industrie pétrolière 0,8%, en fait, les lois guatémaltèques exigent des sociétés minières à verser à l’État seulement un demi pour cent de leurs bénéfices et aussi les municipalités où se trouve la mine. Une aumône. Auparavant les taxes s’élevaient à 10%. La législation actuelle remonte à 1996 quand a été signé le Traité de libre Comercio TLC entre le Canada, les États-Unis et les pays d’Amérique Centrale. Même les lois qui protégeaient les propriétaires de terrains expropriés, obligeant les multinationales à payer le terrain, la maison, les dommages subis et de recevoir un pourcentage des bénéfices, ont été progressivement vidées de leur contenu. Maintenant, les propriétaires légitimes sont sans protection.

Les mines ne créent pas de richesse, elles la volent et nous nous trouvons comme au début de l’ère capitaliste en face d’une accumulation primitive non plus basée sur une production, mais seulement sur ​​le pillage et le vol qualifié. L’économie dominante est une économie de pillage des biens communs. Lorsque les mines ont fermé, le paysage est défiguré, la terre stérile, morte, l’eau est morte, l’air irrespirable.

 

11. ON NE PEUT PAS SERVIR A LA FOIS LE PEUPLE ET LES MULTINATIONALES          

Si les entreprises peuvent accaparer la richesse du pays et ne pas payer les impôts à l’Etat, le gouvernement ne dispose pas des ressources nécessaires pour mener une politique sociale garantissant aux citoyens le droit à un logement salubre, à l’éducation, à la santé, au travail, à la retraite. La grande majorité de la population vit dans la pauvreté sinon dans la misère. La plupart des jeunes des classes populaires n’étudient pas, ne travaillent pas, n’ont ni avenir ni espoir. Ils répondent à la marginalisation qu’ils subissent en formant des bandes souvent violentes et fréquemment utilisées par les narcotrafiquants et autres criminels.

Le Guatemala est l’un des pays les plus violents dans le monde, chaque jour il y a en moyenne plus d’une douzaine de personnes, principalement des jeunes gens, qui sont tués. Beaucoup de femmes sont violées et tuées au point que l’on parle de ‘féminicide’. Le Guatemala est le pays de l’impunité avec 90% des crimes qui ne sont pas sanctionnés.

Le capitalisme ne tue pas seulement les corps mais aussi l’âme, la culture, en détruisant les liens de solidarité qui forment une communauté nationale ou internationale.

 

12. LA MONDIALISATION N’EPARGNE AUCUN PAYS

Elle frappe aussi la Belgique, mais surtout les pays du sud de l’Europe. Elle se manifeste par la fermeture de milliers de petites et moyennes entreprises, la hausse du chômage qui touche surtout les jeunes et les femmes, l’ incapacité pour beaucoup d’avoir leur propre maison et fonder une famille. La violence et la criminalité ont également augmenté ici. Mais, malgré tout, nous sommes privilégiés par rapport aux pays du tiers monde et notre bien-être relatif dépend, pour une part, de l’oppression que nos gouvernements et l’Europe libérale font subir à d’autres. Les conséquences dévastatrices de la mondialisation se manifestent surtout dans les pays du tiers monde, en Amérique Latine, en Afrique, dans de nombreux pays d’Asie. Il y a des pays qui connaissent une situation pire que le Guatemala parce qu’ils ont subi des attaques armées, les invasions militaires tels que l’Afghanistan, l’Irak, la Palestine et les pays africains. Là encore, la mondialisation capitaliste a le visage de la mort.

Il y a des pays qui tentent de résister, qui refusent de se soumettre à la loi des banques et des pays prédateurs, qui imposent des limites aux activités des sociétés multinationales et exigent une partie de leurs prestations.

C’est ce qui se passe en Bolivie, où le gouvernement fait payer à l’exploitation minière 53,5% des bénéfices. C’est ce qui se passe au Venezuela où le gouvernement grâce aux taxes sur l’industrie pétrolière peut mener une politique sociale : l’éducation gratuite de la maternelle à l’université, la qualité des soins de santé pour toute la population, les plus hauts des salaires en Amérique Latine, la pension permettant une vie décente. Cela a également eu lieu au Guatemala du temps d’Arévalo et Arbenz. Mais ces pays, comme nous l’avons vu, ont à faire face à l’offensive de la droite nationale et internationale qui veut les mettre sous le joug de la mondialisation capitaliste.

Les grandes banques spéculatives et les multinationales sont plus puissantes que chaque pays, même les Etats-Unis, où Obama n’a pas réussi à soumettre les banques au contrôle de leurs activités ou à faire payer à la multinationale les dégâts de la catastrophe pétrolière de BP.

Ces jours-ci la Commission Européenne discute du projet de « Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement » (PTCI, en anglais TTIP) qui donnerait aux multinationales la possibilité de traîner en justice les pays et l’Union Européenne elle-même quand ils imposent des limites à leurs actions pour protéger les citoyens et l’environnement. Cette proposition devrait ensuite être votée par le Parlement Européen. De la sorte, progressivement les pays perdraient encore plus leur souveraineté et seraient encore plus soumis à la dictature mondiale de l’argent. Heureusement, la résistance s’organise et il faut espérer qu’elle aura la force pour convaincre les dirigeants européens de ne pas se soumettre aux impératifs des multinationales.

13. LA VIE EST PLUS FORTE QUE LA MORT

Les enfants et les jeunes de la rue ne sont pas seulement la métaphore de l’humanité sans droit dans l’économie mondiale, ils sont aussi la préfiguration d’un monde différent qu’on peut construire. En fait, ce sont des rebelles et ils n’acceptent pas l’injustice : ne pas se mettre à genoux devant le pouvoir. Ils sont libres et ils veulent réaliser leurs rêves. Ce sont des gens qui survivent dans des communautés solidaires où l’on vit avec peu, où on ne donne pas d’importance aux biens matériels.

Au Guatemala, comme nous l’avons vu, les communautés indigènes résistent aux nouveaux envahisseurs. Il y a beaucoup de personnes, d’associations, de communautés mayas, catholiques et évangéliques qui n’acceptent pas la politique du gouvernement, des entreprises, des narcotrafiquants et des pays prédateurs. Ils essaient de créer une vie différente, d’amitié, de partage, d’économie solidaire, de respect pour la Terre Mère.

Parfois, nous sommes tentés de limiter notre attention sur les aspects négatifs, sur les maux qui affligent l’humanité et nous risquons de perdre courage et de nous sentir impuissants. Mais si nous nous rendons compte que nous sommes des dizaines de milliers d’associations, de communautés, de mouvements à travers le monde entier, y compris aux États-Unis, à la recherche d’une vie alternative au projet de mort du système dominant, nous reprenons courage et nous nous engageons pour le changement.

 

Fait à Guatemala, mai 2014