GUATEMALA : LES INEGALITES
Le périodique guatémaltèque « NOMADA » présente dans son numéro du 17-12-2015 les résultats de l’enquête nationale sur les « conditions de vie » au Guatemala. Un travail approfondi réalisé par l’Institut national des statistiques avec l’assistance de la Banque mondiale.
On pourra lire en détail une analyse (en espagnol) de ces résultats qui confirment que la situation est grave : la pauvreté touche 59,2% de la population et l’extrême pauvreté 23,4 % (soit un habitant sur 4). Pire : la situation s’aggrave au fil des ans. En 2000 et 2006, l’extrême pauvreté ne touchait « que » 15 % de la population. Ce sont les femmes et les paysans mayas qui sont les principales victimes.
Autre élément frappant : le pays est riche et la croissance de l’ordre de 3 % chaque année. Mais les richesses sont concentrées entre les mains de 260 familles qui détiennent à elles seules 56% du PIB. Cette oligarchie maintient une fiscalité très faible qui « explique » la faiblesse des investissements dans les secteurs de la santé et de l’éducation.
Pour une analyse plus complète, vous trouverez plus de détails dans ces deux articles de Nomada :
Siete datos que debés saber para debatir sobre Guatemala
Las estadísticas, como las fotos, nos retratan
Un texte qui donne une information solide sur les secteurs où opèrent les multinationales au Guatemala, sur les conséquences de leur présence et de leurs pratiques sur les populations et, en bout de course, sur les jeunes de la rue. Une investigation menée en 2014 par Gérard Lutte. De quoi faire réfléchir les plus sceptiques !
LA BOURSE OU LA VIE !
Les Multinationales au GUATEMALA, par Gérard Lutte
Les rues du tiers-monde où vivent les enfants et les jeunes de la rue sont un observatoire privilégié pour analyser et comprendre la globalisation néolibérale qui domine notre planète.
Les filles, les garçons et les jeunes de la rue qui n’ont aucun droit, même pas le droit à la vie, sont la métaphore de l’humanité à cette époque du développement global du système capitaliste.
Dans la société maya avant l’invasion espagnole il y a cinq siècles, il n’y avait pas de filles et garçons de la rue. Ils sont apparus avec le début d’un système économico-social basé sur la recherche et l’accumulation de la richesse et le mépris des droits des personnes et des peuples.
L’invasion espagnole marque en Amérique le début du capitalisme avec l’accaparement des richesses volées aux communautés qui résidaient dans le continent.
Au Guatemala le nombre de filles et garçons de la rue a augmenté de façon vertigineuse avec le génocide des années 80.
Dans les années précédentes, beaucoup de prêtres et de chrétiens qui, après le Concile du Vatican II, avaient compris que l’Eglise appartient aux pauvres s’étaient engagés avec les paysans Maya et métis, pour créer des écoles d’alphabétisation, des coopératives agricoles et des syndicats. L’oligarchie guatémaltèque et les multinationales des Etats-Unis et leur gouvernement, soucieux de leurs intérêts économiques, ont décidé de réprimer ce mouvement. Les forces de police et l’armée ont éliminé les leaders des syndicats indigènes et les intellectuels qui les appuyaient.
Ne réussissant pas à arrêter le mouvement, l’armée et les bandes paramilitaires toujours avec l’appui du gouvernement des Etats-Unis qui les formait, les armait et leur fournissait une aide logistique, anéantirent 400 villages et massacrèrent plus de 200 000 personnes. Cette guerre contre les pauvres provoqua le déplacement des populations vers le Mexique ou vers les villes, surtout la capitale, où les indigènes et les paysans pauvres ont construit des dizaines de bidonvilles : c’est de ces lieux de misère, d’ennui et souvent de violence que sont sortis des centaines de filles et garçons qui ont formé des groupes pour survivre dans la rue. En 1996 après la signature des accords de paix, l’exode des paysans vers la ville a continué à cause de la misère croissante créée par le Traité de Libre Echange (ALENA) qui permettait aux Etats-Unis d’exporter des produits subventionnés par le gouvernement US que les paysans guatémaltèques ne peuvent évidemment pas concurrencer.
Dans ce document nous ne traiterons pas de tous les thèmes de la globalisation comme celui central de la spéculation financière des grandes banques qui dominent le monde. Nous n’analyserons pas non plus un thème important qui lui est lié, celui du libre commerce mondial. Je me limiterai à parler d’un aspect majeur de la globalisation, celui des sociétés multinationales présentes massivement au Guatemala. Le matériel que nous utilisons a été réuni en grande partie par Mirna Cuté (Enquête sur l’histoire des multinationales au Guatemala.) www.amistrada.net.