C’est le nom du vainqueur des élections présidentielles du 11 aout au Guatemala. Il entrera en fonction en janvier 2020. Seulement 40% des électeurs inscrits ont participé au vote. Une nette baisse par rapport aux scrutins précédents. On peut le comprendre : c’était le choix entre la peste et le choléra.
La présidence du comédien Morales ne laissera que de mauvais souvenirs au peuple. On se souviendra du drame du Hogar seguro (41 jeunes filles brulées vives) et de la détérioration des conditions de vie des plus pauvres. Cette année, il a mis un terme prématurément au mandat de la Commission internationale de lutte contre l’impunité (CIGIC). Il est vrai qu’elle avait trainé en justice pas moins de 650 proches du pouvoir. Dont le fils du Président ! La Commission avait donné l’espoir aux Guatémaltèques qu’il était possible de lutter efficacement contre la corruption et le crime organisé.
Des citoyens ont eu le courage de peindre une fresque avec la mention : « Merci CIGIC. Le peuple n’oubliera pas ». L’ex-patron de la CIGIC parle, lui dans Le Monde de « détérioration persistante de l’Etat de Droit, de démocratie en déliquescence, d’Etat capturé aux mains des groupes les plus puissants ». L’oligarchie dont nous parlons régulièrement.
Et demain ?
Ce nouveau président s’est entouré de gens peu recommandables parmi lesquels des financiers véreux, d’anciens militaires et même des narcotraficants !
Comme l’écrit l’hebdomadaire Nomada : « Le système peut respirer et célébrer sa victoire. Alors que la CIGIC l’avait mis dans les cordes entre 2014 et 2018 ». Giammattei a évidemment confirmé la décision de Morales : plus de CIGC ! Dans son programme, on ne trouve aucune mesure susceptible d’inquiéter le système et d’instaurer plus de justice sociale et fiscale.
Et pourtant le système a un urgent besoin d’être profondément réformé. Le diagnostic de Nomada est sévère, très sévère :
➜ Un pays profondément inégalitaire : 260 personnes détiennent 56% de la richesse nationale. Tandis que la moitié de la population souffre de malnutrition et vit sous le seuil de pauvreté.
➜ Ce modèle de développement a entrainé cette année la migration de 250.000 Guatémaltèques dans les rangs de la « caravana » que Trump a accueillie avec son mur et son armée.
➜ Le taux d’imposition est très bas (10%) et il ne permet pas d’investir dans les soins de santé, l’éducation, les services publics.
➜ Le pays connait une épidémie de violences et d’abus sexuels contre les femmes et les filles. Un discours de haine contre les communautés indigènes et la communauté LGTBI se répand
➜ Seul 35% de la population a accès à la sécurité sociale.
C’est dire si le contexte dans lequel travaille le Mojoca est difficile. C’est dire aussi que former des jeunes de la rue qui ne se laissent pas entrainer dans la violence, mais au contraire apprennent à se respecter, à développer des comportements citoyens, c’est un projet ambitieux.